Historique et détail des œuvres.
Les travaux du sculpteur à Saint Folquin d’Esquelbecq débutèrent par l’entremise du Père Houssain, de l’Abbaye Saint Paul de Wisques ; le Père était membre honoraire des commissions d’art sacré chargées de conseil pour l’ornement cultuel des églises ; il était lui-même féru d’art, et créateur de vêtements liturgiques ; les échanges sur l’avancement des travaux en cours étaient constants entre lui, Georges Decalf, abbé d’Esquelbec, et le sculpteur, qui donne son accord au début de cette grande entreprise ; « Je vous remercie de votre confiance. Cette église comme celles des Flandres en général est d’une grande beauté architecturale qui engage l’artiste à œuvrer dans la beauté et la qualité. »
En effet toutes ces œuvres pressenties et « discutées » au départ en commun, entre l’artiste et ses commanditaires, découlent les unes des autres ; nous en détaillerons ci-dessous la chronologie ; elles ont été imaginées, et mises en œuvre avec passion ; un esprit fervent perdure par delà les années, et leurs changements, et entraîne doucement les visiteurs pénétrant en les lieux ; comme le décrit la passeuse de mémoire Françoise Hamiau ; -qui voulut bien me confier ses photos, prises en l’église-
« à droite on admire la Pietà. Face au chœur, au centre, le Christ en croix. Face à nous, sur la droite, la statue de Saint Joseph artisan, et sur la gauche dans l’autre travée, la Vierge à l’enfant. En dessous de la croix, le triptyque. »
– Statues de Saint-Joseph-artisan et de Vierge à l’Enfant (Notre-Dame) -1m70- 15 mars 1978
Le Père Houssain aurait souhaité pour l’église une statue de la Vierge dans l’esprit de celle, (La Mère de Dieu) très appréciée des visiteurs, réalisée par le sculpteur pour la chapelle de l’abbaye de Wisques ; avec un « Saint Joseph artisan », pour son pendant, en un couple de statues.
« Je suis particulièrement heureux de connaître la destination précise des sculptures, à gauche, Notre Dame, à droite, Saint Joseph ,exécutées dans la taille d’1m60, qui apparaît convenable pour les nefs latérales hautes de 5m » écrit le sculpteur.
Il fut aussi question de bois-chêne patiné ; pour en revenir finalement à l’idée du métal, qui vu son moindre poids, permettait une échelle des statues plus importante.
Le projet en fut rectifié de 1m50 de hauteur, jusqu’à 1m70.
« le père HOUSSAIN et moi ne savons pas si l’échelle des statues d’1m50 correspond à la grandeur de votre église restaurée. Je pourrais obtenir une échelle plus grande en métal patiné suivant le devis ci-joint. »
Avant la livraison finale , le sculpteur les décrit ainsi ; « ce sont deux très belles statues d’environ 1m70. La Vierge s’achève actuellement. »
– Christ d’Ascension
en laiton forgé sur croix échancrée -130×110 – 10 novembre 1978
Le Christ sur croix est offert à l’église par les bienfaiteurs dont les noms s’inscrivent au verso, sur une plaque ; il devait compléter les deux autres œuvres. « Cette sculpture qui couronne un ensemble de trois œuvres en cuivre pourra être prête en décembre comme vous le souhaitez, avant la neuvaine de Saint-Folquin » écrit le sculpteur. (Elle sera également largement prête pour accueillir la visite de l’évêque, prévue elle aussi en ces jours).
Il était question de placer cette croix « sous l’arc de l’ogive de la Tour ». L’abbé Decalf en demanda des croquis au sculpteur pour se rendre compte. Là aussi une question d’échelle se posait ; ... que sa dimension d’1m30 ne fasse trop petit par rapport aux statues; la croix étant placée beaucoup plus haut que celles ci. Le Père Houssain qui pouvait conseiller le curé sur ces questions trouva que cela convenait finalement.
L’abbé s’exprime en termes très forts sur » l’apostolat, la mission » confiée à l’artiste ;
« Ce doit être la pièce maîtresse ou magistrale de cette trilogie ; –Notre-Dame-St Joseph- Le Crucifix –
Il occupera une place de choix, celle que vous avez voulue- presque au centre de l’édifice, venant s’imbriquer dans ce magnifique arc d’ogive. Il faut qu’il frappe, qu’il donne un sens à la démarche de nos gens« .
Sur la teneur souhaitée de l’œuvre, le Père Houssain s’était lui-même avancé en ces mots ;« Nos flamands sont gens émotifs et réalistes, donc un Christ dont ils saisissent la douleur.. »
Faisant suite à l’échange de courriers, le sculpteur poursuit dans son idée ; « A ce sujet, le Christ sera un Christ d’ascension (et ascendans in altum) que les Flamands comprendront et adopteront. (Donc un Christ libéré de la douleur). Jean Cattant livre l’œuvre terminée avec cette note ; « C’est une œuvre de grande qualité qui donnera une âme à l’église restaurée, avec la couleur or du Christ sur une croix échancrée. »
Travaux exécutés après 1978…
—————-Trilogie sur les vertus théologales ; la Foi, l’Espérance, la Charité.
—————-Relief en métal repoussé (autel)
L’abbé Decalf souhaitait … que l’aventure continue, en une sorte de conclusion des œuvres précédentes ; » Je souhaite pour suite….une trilogie ; un genre triptyque qui aide la piété « ;
– la Foi se recueille, (rassemble en elle les forces restantes), les mains croisées sur la poitrine.
– Le foyer vivant de l’Espérance (survivant des cendres) anime la reconstruction des lieux…
– La Charité accueille, les bras ouverts… ;
(par cette représentation, les trois Vertus théologales montrent à quel point elles découlent les unes des autres ; c’est par la Foi que nous gardons vivante en nous l’Espérance, la survivante, qui ne s’éteint jamais, nous donne la force d’aimer encore, de vouloir étreindre le monde.)
Le tout repose sur l’immense église (temporelle et intemporelle, l’Alpha et l’Omega), par le mystère de l’Eucharistie (l’Ichtos-Poisson) unie en le Christ (le Chrisme).
-Pietà
bois polychromé 1982
Pour cette œuvre d’une sensibilité poignante et contenue, dépeignant un moment fort de l’évangile, le sculpteur collabora avec Charles WALDSCHMIDT, architecte en chef des Monuments Historiques, chargé de la restauration de l’Église St Folquin, suite à l’incendie de 1976.
« ‘J’ai proposé à l’architecte WALDSCHMIDT de réaliser une Pietà pour remplacer une « mise au tombeau » du XVIe -XVIIe siècle, très détériorée par le feu. J’avais en mémoire la restauration de la cathédrale de Reims de Saupique. » ( Georges Saupique, 1889 -1961, est un sculpteur français ; qui participa après la première guerre mondiale à la restauration monumentale de la cathédrale de Notre-Dame de Reims dirigée par Henri Deneux.)
La Pietà illustre finalement la légende personnelle du sculpteur qui citait souvent les paroles du Christ s’adressant « au disciple qu’il aimait », en l’Évangile de St Jean, lors de l’épisode de la Crucifixion « Femme, voici ton fils. » Puis (disant) au disciple, (Jean) : « Voici ta mère. « (Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » raconte l’écrit sacré)
On y retrouve aussi, un peu en retrait de la scène, l’une des sœurs de Lazare de Béthanie, (celles qui imploraient le Christ après la mort de leur frère) ; –La Résurrection de Lazare« étant une œuvre importante du sculpteur ; – (son personnage sculpté ployant encore vers la terre) trouve sa prolongation ici, dans l’épisode de la descente de croix du Christ.
©Claire Cattant
Liste des œuvres de Jean CATTANT
présentes en l’Église d’Esquelbecq (abbé G. DECALF) (selon courriers–notes-devis d’époque, et témoignages-photos)
– Statues de Saint-Joseph artisan et de Vierge à l’Enfant en cuivre (Notre-Dame), hauteur 1m70, et leurs » deux socles pour fixation murale avec crochets forgés de fixation haut et bas au mur de l’église » ; installation le 15 mars 1978.
– Christ en laiton forgé sur croix échancrée en cuivre 130×110
( le Christ est en laiton doré soudé à la brasure d’argent, et la croix échancrée décorée est en cuivre sur une âme en chêne.)
– chaîne dorée laiton 60 – avec plaque gravée aux noms des donateurs ; 160 (POIDEVIN ; Maurice, Adrien, Marie-Agnès 1978) —installation vers le 10 Novembre 1978.
travaux exécutés après 1978
—————-Trilogie ; sur les vertus théologales ; la Foi, l’Espérance, la Charité. La Foi et la Charité sont sculptées en cuivre par l’artiste ; de part et d’autre de la porte du tabernacle de 1560, (orné du calice et de l’hostie) sauvé de l’incendie (l’Espérance)
—————– Relief en cuivre repoussé (autel) L’Ichtus (poisson), et le Chrisme, avec l’Alpha et l’Omega.
– 1 élément carré d’un chemin de croix en pierre blanche ; (la flagellation) (1979)
- Un buste de Vierge (1982) (dont il est fait mention par l’artiste dans le détail d’un catalogue d’exposition)
-PIETA en bois polychromé ; groupe comprenant la Sainte Mère tenant son fils sur les genoux, Marie de Béthanie, et St Jean l’Evangéliste. 1982.
autres détails sur les oeuvres présentes en l’église Saint Folquin ; https://www.facebook.com/photo?fbid=630036269324306&set=a.627273529600580
https://www.facebook.com/JeanCattantSculpteur