Jean Cattant collabora à l’agencement sculptural de l’abbaye Notre Dame de Wisques ; (l’alter féminin de l’abbaye Saint Paul, occupée par des moines.) Les deux communautés appartenaient à la même congrégation, en dévotion à Saint Benoît ;

Le 16 août 1964, le Saint patron de l’ordre bénédictin, traité en bois par l’artiste, est presque prêt, il ne lui reste qu’à révéler les mots de sa règle ;

Pensant que « la lecture du petit ouvrage sur St Benoît « a dû aider aux dernières finitions, la Mère Abbesse, commanditaire de la statue, en fait cette description prédictive » ;

« Voici le texte à inscrire sur le livre, trois mots latins qui se trouvent dans la règle et forment un programme ;

Le premier : « ausculta », « écoute », est le mot par lequel débute le prologue.

Les deux autres : Perfice : accomplis ; et pervenies ; tu parviendras. Se trouvent dans le dernier chapitre »

Au travers des images de Wisques, (1963-67) apparaît aussi une Vierge en métal qui faisait « l’admiration non seulement des moniales, mais également des visiteurs »; selon l’appréciation qu’en laissa alors la Mère Abbesse.

Elle décrit en ces termes une mise en place progressivement ajustée aux contraintes du lieu ; « Nous avons fini par lui adapter le socle avec quelques modifications, car, suspendue comme elle était, non encastrée dans la colonne, ce n’était pas satisfaisant. Maintenant, tout va bien »

Plus de 10 ans, s’étant écoulés (en 1977), depuis son installation, cette belle statue en inspira deux autres, pour l’Eglise Saint Folquin d’Esquelbecq. Le sculpteur cheminait alors aux côtés de ce fameux Père Houssain, (de l’abbaye Saint Paul), chargé par le diocèse d’Arras de s’occuper des diverses commandes d’Eglise, et de contacter les artistes) ; il fallait se remémorer la Vierge en question ; la redéfinir en un cadre nouveau ; -« Sur la route du retour, nous avons discuté et décidé de revoir la vierge en métal de N.D. de Wisques. Le Père Houssain serait d’accord pour que les statues de Saint-Joseph artisan et de la Vierge à l’enfant soient exécutées en métal patiné comme la vierge de Wisques. »

Comme nous les savons, ces projets se concrétisèrent avec bonheur.

Il y avait une émulation de dévotion autour de ces œuvres, dont le style s’était modifié au fil du temps, mais tout le monde voulait « la même » que l’une de celles trônant alors en son lieu ; comme à Rosendael, Dunkerque, Lille… Ainsi que l’écrit au père Houssain la RM. Prieure de l’ancien Carmel de Lille ; « Toute la communauté est enthousiasmée par la Vierge dont vous m’aviez communiqué la photo, que je vous retourne ci-incluse. Et elle se permet d’insister pour que l’artiste ne change rien au modèle. »

Mais en fait l’artiste réinterprétait à chaque fois sa création, comme un musicien le fait de sa partition.

©Claire Cattant